Chez Bogato/

Chez Bogato/

Interview Illustrée / Texte de Marie-Anne Bruschi

Grâce à ses pâtisseries, Paris est à la fête. Celle qui retranscrit ses dessins à travers de merveilleux gâteaux drôles et colorés, nous parle de ses créations. Un régal !  Diplômée de Penninghen, cette ex-DA dans la pub avoue qu’elle aurait fait partie de ces gens jamais satisfaits par leurs dessins si elle avait été illustratrice. C’est en voulant changer de vie, qu’elle a trouvé sa voie en 2009. « En créant Bogato, je n’ai pas cherché un concept. J’ai voulu m’exprimer, m’amuser, fabriquer avec mes mains. À 30 ans avec mon CAP de pâtisserie en poche, je n’allais pas me retrouver meilleure ouvrière de France ! Il a bien fallu que j’invente autre chose. Et ce fut, par hasard, le sablé. Une copine organisait une vente et j’ai eu l’idée des sablés animaux décorés de glace royale. Au départ, je ne savais même pas que c’était américain, à l’époque on n’avait pas Instagram, on était moins informées. Je vous parle d’une époque où les cupcakes n’étaient même pas encore en vogue». 

Ses premiers modèles sont le chat et le mouton qui reste l’un de ses bests sellers et qu’elle adore réaliser parce qu’ « on peut créer une laine différente à chaque fois et qu’ils sont trop mignons ». Ne lui demandez pas combien de modèles de sablés elle a créé, elle ne sait pas. Sans doute un millier en tout cas suffisamment pour en faire un livre. Le succès de ces petits sablés fut immédiat. Très vite, on lui propose un stand sur le salon pour enfant Playtime. La presse la remarque, elle a un article dans Vogue et tout s’emballe. « Je n’avais rien, ni logo, ni nom, ni atelier. J’ai dû tout monter très vite. Je me souviens qu’une grande actrice m’avait appelé pour me commander un gâteau et que j’ai dû refuser ». Elle qui pensait rester cantonnée dans le monde de l’enfance enchaine les commandes pour des marques et ses gâteaux de fête personnalisables ont un succès fou.  La pâtisserie ludique trouve sa cible chez les parisiens.

Dans sa première boutique ouverte très vite dans le 14ème entre Daguerre et Mouton-Duvernet, on croise des parents, des actrices, des DJ… avec dans les bras le précieux sésame des goûters réussis : le gâteau d’anniversaire. Les siens réalisés dans des teintes vives sont joyeux et délicieux. «  Je déteste le mot cake design ou gâteau décoré. Je n’aime pas l’idée que l’on se moque du gâteau et que tout est dans le décor. Moi, je veux d’abord un bon gâteau puis qu’il soit beau. De toutes façons, en France, c’est impossible de vendre un gâteau pas bon ! ». Son concept du gâteau beau et bon est né, il a même un nom : Bogato. Fraisier, framboisier, dacquoise sont recouverts d’un décor en pâte d’amande (et non en pâte à sucre). Fidèle à ses envies, elle compose sa « carte » au fur et à mesure de ses créations. « Comme tout le monde nous commande des gâteaux licornes, j’ai eu envie de faire un lion et ça a cartonné  ». Si on lui demande qu’elle a été sa demande la plus folle, elle répond qu’elle ne sait pas, par contre « le gâteau le plus chiant à réaliser, ça je sais, c’est souvent le plus moche ! ». 

Pour avoir son laboratoire intégré à sa boutique elle s’est résolue à fermer son adresse du 14ème pour s’installer dans le Marais. Ici, elle propose tous les jours une vraie offre de gâteaux dont les fameux « Sweetburgers » en forme d’hamburgers. Elle rêve d'agrandir le lieu en ouvrant prochainement un coffee shop « à la française » entre le salon de thé anglais et le coffee shop avec des gâteaux du quotidien pour la sortie de l’école. De quoi mettre en appétit sa fidèle clientèle dont certains la suivent depuis 10 ans. « Gérer le gâteau, c’est aussi prendre en compte le stress des mamans qui organisent les fêtes. J’ai vu grandir leurs enfants au fur à mesure des bougies d’anniversaire, ça crée forcément des liens. Chez Bogato, on a l’historique des fêtes de famille ». Un beau symbole. 

CHEZ BOGATO 5 rue Saint-Merri, 75004